mercredi 22 août 2012

L'armée américaine développe un spray nasal "anti-suicide"

      
Ce projet, rapporté par The Daily, peut sembler farfelu, mais l'étude est tout ce qu'il y a de plus sérieux : l'armée américaine a octroyé 3 millions de dollars au docteur Michael Kubek (spécialiste en neurobiologie) et à son équipe de l'école de médecine de l'université d'Indiana pour étudier l'hormone thyréotrope et mettre au point un produit capable de répondre en urgence aux idées suicidaires.
L'absorption d'un supplément de cette hormone thyréotrope (ou TRH en anglais), déjà naturellement produite par le cerveau, permettrait de chasser les envies de suicide grâce à un effet antidépresseur très rapide. Jusque-là, les scientifiques se heurtaient au problème du mode d'administration. Le seul moyen connu et efficace pour amener la substance au cerveau était l'injection lombaire, peu adaptée à un usage individuel d'urgence. Grâce à un procédé utilisant des nanoparticules, l'équipe du docteur Kubek pourrait mettre au point une utilisation plus simple et efficace de l'hormone, en spray nasal.

Plus de suicides que de morts au combat

Cette étude commandée par l'armée américaine répond directement à l'explosion du nombre de suicides dans les troupes. Sur le seul mois de juillet 2012, 38 soldats se sont ôté la vie, un record. Les autorités militaires comptent déjà 116 cas avérés ou suspectés pour le premier semestre 2012, soit plus que sur l'ensemble des années 2006 ou 2007. Il y a désormais plus de combattants américains qui se donnent la mort que tués par des talibans.
Avant de donner ces chiffres consternants, le vice-chef d'état-major de l'armée américaine avait ainsi récemment déclaré : "Le suicide est le pire ennemi que j'ai dû affronter durant mes 37 ans dans l'armée", alors que le Pentagone consacre déjà 2 milliards de dollars chaque année pour la santé mentale de ses troupes.

Usage civil

Comme souvent, la technologie développée pour un usage militaire pourrait se retrouver un jour dans les mains des civils. "Ce n'est pas du tout une solution conçue uniquement pour les soldats", explique le docteur Kubek. "Si ça marche, on a potentiellement une toute nouvelle forme de pharmacologie", ajoute-t-il. On peut imaginer, par exemple, l'usage d'un tel produit en milieu carcéral.
Cela pose tout de même la question de l'approche par les symptômes, et non par les causes : plutôt que de s'attaquer aux causes profondes, comme les conditions de vie et d'accompagnement, on cherche ici uniquement à éviter le passage à l'acte.
Le docteur explique également que pour le grand public ce produit pourrait se montrer utile lors de la phase de début de traitement par antidépresseurs "classiques", qui mettent plusieurs semaines à être pleinement efficaces. L'enjeu est de taille lorsqu'on considère que, en France, le suicide est un phénomène de masse : pour les 25-34 ans, il constitue la première cause de mortalité pour les hommes et la deuxième pour les femmes, derrière les tumeurs (chiffres Insee 2008). Mais tout va bien, dans le Meilleur des mondes*.
* Le concept de spray "anti-suicide" n'est pas sans rappeler le flacon de "soma" que tous les protagonistes du roman d'Aldous Huxley portent sur eux pour mieux "supporter les ennuis".

http://www.lepoint.fr/science/l-armee-americaine-developpe-un-spray-nasal-anti-suicide-21-08-2012-1497770_25.php

Il me semble qu'on ne prend pas le problème par le bon bout: si nos militaires étaient convaincus de faire du bon boulot, que se faire tirer comme des lapins était bénéfique (!), qu'ils apportaient quelque chose à la France et aux pays en guerre, si on leur expliquait au lieu de leur donner des ordres " d'abord tu obéis, tu comprends ensuite si tu peux", les suicides seraient réduits. Mais on préfère filer des trucs... Drôle de monde
 

 

8 commentaires:

  1. "si nos militaires étaient convaincus de faire du bon boulot, que se faire tirer comme des lapins était bénéfique (!), qu'ils apportaient quelque chose à la France et aux pays en guerre, si on leur expliquait au lieu de leur donner des ordres " d'abord tu obéis, tu comprends ensuite si tu peux", les suicides seraient réduits"

    En fait, effectivement, il y a plus de mort par suicide que par la guerre elle même dans les conflits récents, car on a des statistiques précises.

    Cela s'appelle "Trouble de Stress Post Traumatique" :

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Trouble_de_stress_post-traumatique

    C'est un Trouble Anxieux répertorié dans le DSM IV-R. Assez rapidement les TSPT peuvent donner des dépressions et des suicides.

    Le TSPT (et, éventuellement, la dépression), se traite par Antidépresseur (le vilain mot) et une Thérapie Comportementale de Débriefing.

    Je ne souhaite pas du tout que le Docteur Vincent soit victime d'une agression sexuelle très traumatisante, mais, peut-être que cette fois, le Docteur Vincent aura vraisemblablement recours, à contre cœur, certainement, aux Thérapies Psychiatriques validées.

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  2. Le "Trouble de Stress Post Traumatique"© "répertorié dans le DSM IV-R" ? C'est une référence, ça ??? (Les majuscules partout, c'est pour donner de l'importance à des mots creux... donc, gonflables ?) À cœur -ou à contre-cœur-, c'est quoi des thérapies "psychiatriques"© validées ? C'est-à-dire... validées par QUI exactement ? Par ceux qui nous votent à main levée les contenus fumeux du DSM ? La belle affaire : autant demander à son charcutier de nous valider son jambon ! (Ce dont il ne devrait pas excessivement se faire prier...)
    Encore que l'analogie soit spécieuse : le jambon étant plutôt inoffensif au regard de certains produits officiellement "thérapeutiques"©, mais passons...

    Il fait plus que sembler, en effet, qu'on ne prenne pas le problème par le bon bout. Et ce problème est autrement plus vaste que celui que l'on croit résoudre en allant batifoler dans des grimoires truffés de mots en majuscules.
    Il est question de l'armée américaine, n'est-ce pas : non de troupes plus ou moins disciplinées émanant de quelque république bananière un brin exotique.
    "Si nos militaires étaient convaincus de faire du bon boulot, que se faire tirer comme des lapins était bénéfique (!), qu'ils apportaient quelque chose à la France" [ euh... ce sont toujours les soldats américains, pas les nôtres ! ] "et aux pays en guerre, si on leur expliquait au lieu de leur donner des ordres " d'abord tu obéis, tu comprends ensuite si tu peux", les suicides seraient réduits." Oui et non. Il y a surtout de plus en plus de militaires convaincus de faire un sale, très sale boulot. Quand ils ne se suicident pas, ils font quoi les vétérans ? Ils vont rendre publiquement toutes leurs médailles de guerre et autres colifichets honorifiques. Parce qu'ils sont aux premières loges pour savoir qu'on les a envoyés au casse-pipe pour des motifs parfaitement étrangers aux discours officiels... et à la moindre notion de "défense de la patrie". Parce qu'ils savent être les exécutants de basses œuvres consistant à aller fiche la m... partout où régnait sinon une saine harmonie, au moins une absence de conflit ouvert. Ceci partout sur la planète... plus exactement, partout où il y a du pétrole, du gaz, etc. Parce qu'ils ne sont pas complètement abrutis : ils savent que ce n'est pas le Pentagone qui mène la danse... mais Wall Street. Seulement voilà : ce sont des soldats ; pas des traders. Quand on demande à des soldats de remplir une fonction qui n'est PAS la leur, il ne faut pas s'étonner qu'ils ne soient pas franchement à l'aise dans leurs rangers. Quand on demande à des soldats de jouer les va-t-en -guerre sans foi ni loi (ce qu'ils ne sont pas non plus, en dépit de cet apparent paradoxe), ils finissent à la longue par se dégoûter d'eux-mêmes... parce qu'obéissant ET ne comprenant que trop bien le rôle infâme qu'on leur fait jouer.
    Sans oublier -puisqu'on a mis sur le tapis la question des thérapies "psychiatriques"© validées (sic)- leur fonction de cobayes chargés de "valider" sur le terrain de telles "thérapies"©... imaginées bien sûr par ces "répertoriants" du DSM IV-R qui se gardent bien de pointer le bout de leur nez sur un champ de bataille : ils sont tellement plus à l'aise à nous concocter des "troubles"© savants (avec majuscules, surtout, hein ?), bien à l'abri de leurs bureaux et labos climatisés.

    Ils le pointent tellement peu, le bout de leur nez, qu'ils nous le démontrent brillamment aujourd'hui : le spray nasal "anti-suicide" !!! Dans la catégorie du n'importe quoi, nous atteignons ici des sommets. Si c'est aussi "efficace" que les "antidépresseurs"© classiques, bravo : nous tenons là l'arme d'autodestruction massive ! Remarquez qu'ainsi... faute de combattants, il n'y aurait plus de guerre. Love and peace...

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  3. Cher Michel, je me répète un peu, mais bon, c'est pas grave.

    Je ne sais pas si tu es marié et si tu a des enfants, supposons, je dis bien, supposons que ce soit le cas.

    Tu a un grave accident de la route avec un camion. Tu es gravement blessé, ta femme meurt à côté de toi, tu l'entend agoniser, un de tes enfants, on ne sait pourquoi, est éjecté et est décapité, on retrouve sa tête de l'autre côté de l'autoroute.

    Voila comment commence un traumatisme, qu'il soit PTSD, SSPT, TSPT...

    OK ?

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  4. OK. Mais d'une part, nous sommes bien là dans la supposition d'une situation pas rigolote, j'en conviens. Je ne suis d'ailleurs pas certain que l'on soit très constructif à se livrer à des suppositions aussi morbides : l'existence réelle ne se charge-t-elle pas de nous distiller assez de misères pour de vrai, sans aller en "supposer" d'autres ? M'enfin, jouons le jeu puisqu'on nous y convie...

    D'autre part, on pourra me citer des tonnes de PTSD, SSPT, TSPT et autres initiales (qui, à elles seules, seraient foutues de me traumatiser !), cela ne rendra pas ma femme moins DCD qu'elle n'est, et ça ne recollera pas davantage la tête partie valdinguer de l'autre côté de l'autoroute.
    Enfin, si je suis gravement blessé, j'ose espérer que le souci prioritaire du corps médical sera plutôt d'endiguer mes blessures bien réelles (et bien sanguinolentes) au lieu d'aller me chercher des poux en initiales stressantes. Sinon, paf ! je deviens DCD à mon tour. Maintenant, ce ne serait peut-être pas plus mal que d'avoir à affronter les chercheurs de poux ? (Because "traumatisme" à la clef...)

    Mais bon : c'est là sans doute un autre débat !...

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  5. On croirait que le DSM4 s'est approprié le Trouble du Stress Post Traumatique ( avec majuscule): pourquoi psychiatriser les évènements de la vie, même dramatique? A-t-on des statistiques fiables que psychiatriser est bénéfique à long terme ( je ne parle pas du court terme)? J'attends un internaute qui me les sortira.
    Mais je crois qu'on est sorti du sujet, qui est que, s'il n'y avait pas de situation à risque de suicide, les soldats seraient moins tentés de le faire.

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  6. Michel & Docteur SBK - Le pire dans mon commentaire, c'est que cette histoire est vraie, et que Monsieur ne s'en est jamais remis. Il n'a pas pu reprendre son travail, il est, maintenant, en invalidité.

    Des situations atroces comme cela, sont vécues de façon très fréquentes par les militaires* au combat, le Psychiatres militaire se sont interrogés et intéressent, toujours à cette pathologie (cela s'appelait autrefois la névrose de guerre avant cela s'appelait Railway syndrome
    (suite aux accidents de train). Même dans l'antiquité, Hérodote et Lucrèce...

    Les militaires ne sont pas triés sur le volet comme les policiers du GIGN. Plus on est"fort" et équilibré dans sa tête moins on a de chance de développer un TSPT.

    Désolé pour mon commentaires très agressif, je le reconnais.

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  7. Vous m'avez fait peur, "Anonyme" : j'ai cru une seconde que vous associez les accidents de train à l'Antiquité... ce qui nous remonte bien avant la vapeur : à défaut d'être "très agressif", c'eût été très anachronique !
    Maintenant, pour le reste, que votre histoire soit vraie, pourquoi pas ? Que la situation vécue soit extrêmement douloureuse, il serait évidemment difficile de ne pas le concevoir. Cela exprimé, je vous laisse bien volontiers tous vos machins à initiales qui, en dépit de leur prestige, s'avèrent (sans surprise) inefficients à remettre sur pied le monsieur que vous nous citez. Il s'est "développé un TSPT", le malheureux ? Bon. Et après, concrètement ? Vous nous le dites : il est maintenant en invalidité. Soit... mais laquelle ? Je vous cite, depuis votre premier com. :
    "Le TSPT (et, éventuellement, la dépression), se traite par Antidépresseur (le vilain mot)". J'aimerais assez que ce ne soit QUE le mot qui soit vilain : au moins cela ne porte pas excessivement à conséquence. Disons que je n'en dirais pas autant pour le reste. Tenez, si vous voulez quelques témoignages à ce sujet :
    http://antidepresseurs.canalblog.com/
    D'où ma question -un peu "vilaine" elle aussi, j'en conviens- : QUELLE invalidité pour votre homme ?

    "Des situations atroces comme cela, sont vécues de façon très fréquentes par les militaires au combat" ; "cela s'appelait autrefois la névrose de guerre" ? Ben non : autrefois comme aujourd'hui, cela s'appelle tout bêtement la guerre. Et la guerre, ce n'est ni un salon de thé ni un parc d'attractions. La guerre, c'est une concentration permanente de "situations atroces comme cela". Si les militaires au combat se formalisent de vivre des "situations atroces", c'est qu'ils ne sont faits ni pour être militaires ni pour monter au front (euh... à partir de là, à quoi servent-ils exactement ?) Dans ce cas, s'ils veulent être "forts" et équilibrés dans leur tête afin d'avoir le moins de chances possibles "de développer un TSPT", j'aurais bien une suggestion : qu'ils apprennent à tricoter. C'est un poil moins viril, je vous l'accorde. Mais là, adieu aux PTSD, SSPT, TSPT ! (et GIGN, je le crains : vu qu'ils sont triés sur le volet, je ne jurerais pas que l'art de confectionner un pull soit un critère fondamental de sélection au sein de cette institution...)

    @Docteur SBK : j'espère que vous êtes très patiente ! Parce qu'à attendre qu'un internaute vous sorte des statistiques fiables sur les bénéfices (hors commerciaux, bien entendu) de la "psychiatrisation"© à long terme, je vous souhaite bonne chance !
    Des statistiques sur les maléfices, ce ne ne serait pas plus rapide ? Et tellement plus facile à dénicher...

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  8. Dans les dialogues de sourds,
    il en faut un qui cède,
    je serait celui là.
    Et le combat cessa faute de combattants*.



    * Le Cid (Pierre Corneille)

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